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L'évolution des patronymes

On croit parfois avec nos raisonnements du 21ème siècle que le prénom et le nom sont des choses très rigides et immuables mais nos ancêtres savaient rarement lire ou écrire. Même les prêtres ou les notaires avaient une manière assez « souple » de transcrire les noms.

Dans un même acte on trouve parfois plusieurs écritures pour le même nom de famille (baptême le 26 avril 1782 à Subernoa 1 de « Gracian Fagondo fils de Joannes Fagonde » (sosa 42) sans compter les erreurs, les enfants qui avaient les mêmes prénoms (Joannes, Marie ) ou les prénoms qui sont différents entre le nom de baptême et le nom usuel, précisément pour échapper aux confusions entre les différents enfants ; par exemple, Magdelaine / Dominica Diharce  sosa 85 ou Salvat / Joannes Fagondo sosa 168.

Parfois aussi des noms évoluent au gré des actes. Par exemple, Darragsusan /Daracjusan deviendra Réjouissance ! (sosa 93) dans l’acte de mariage de son fils Gabriel Passicot le 25 novembre 1807 à Ciboure. Est-ce un effet de la révolution ? En tout cas il fallait un généalogiste attentif pour faire le rapprochement (merci à lui).

Certains noms évoluent pour faire plus « local ». Ainsi le sosa 182 sera appelé Baptiste Beyrie en 1754 (rôle d’équipage lors de son premier embarquement à la pêche) ou Labeyrie (autorisation de mariage en 1761) ou Dibiry/Dibiri (lors de ses embarquements suivants sur les corsaires ou les bateaux de pêche).

On passe donc d’un nom à consonance gasconne (Labeyrie : celui qui habite la Beyrie  qui veut dire verrerie en Gascon 2) à un nom à consonance basque (dibiry :  ibiry =  gué 3 ). La famille Labeyrie est effectivement originaire de Gascogne, plus précisément de la paroisse de Cayron (maintenant dans la commune de Beaumarchés) dans le diocèse d’Auch et il s’y trouve  un lieu-dit « Labeyrie ». Par la suite la fille de Baptiste  se fera d’ailleurs appeler Yberi ou de nouveau Labeirie.

Pour ce qui est des prénoms, il y a beaucoup de surnoms ou de diminutifs qui peuvent aussi évoluer dans le temps, Pierre se déclinera en une dizaine de diminutifs : Petri, Betri, Petrissans, Betrissans, Betrico, Pellen, Peillo, Peroich, Betrigaste …

Ces commentaires sont aussi valables pour les archives espagnoles.

De la même manière, l’orthographe a évolué et les mots ne sont pas toujours écrits comme de nos jours. L’orthographe de l’époque a été conservée dans les retranscriptions, sauf si cela rendait le texte incompréhensible.

 

1 : Subernoa était un important prieuré - hôpital  sur la route de Saint Jacques de Compostelle via le chemin du littoral. Dans son église on célébrait baptêmes, mariages et sépultures comme dans n’importe quelle paroisse. L’Hôpital Saint Jacques était un lieu de repos et de soins  pour les pèlerins avant qu’ils franchissent la Bidassoa. Cet  ensemble a aujourd’hui disparu, il était sur le territoire d’Urrugne en bordure de la Bidassoa et est actuellement situé sur le territoire de la commune d’Hendaye . Ref : « Hendaye, son histoire «  par l’Abbé Michelena , éd. du Mondarrain.

(extrait de la carte de Cassini)

2: Dictionnaire de Jean Tosti, accessible sur internet.

3: « Noms de lieux et de personnes… » , Hector Iglesias, éd. Elkarlenean citant abondamment les livres de JB Orpustan sur les noms basques.

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