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Au service du Roy puis de nouveau à Terre Neuve.

 

Les années suivantes Baptiste sera enrôlé dans la marine du Roi qui payait nettement moins. Il naviguera  sur La Bathilde, prâme de 400 tonneaux 1. Préalablement, il fait de nouveau une procuration à sa femme Chabadina Berindoague devant Me Duhalde d’Ascain le 1er aout 1761.

      Matelot de Louis XV d’après

       Armand Bournisien de Valmont

Il  restera dans la marine du Roi probablement près de trois ans. A partir de 1764 la matricule archivée à Rochefort permet d’avoir une vision complète de son activité maritime année après année.2

    Sur ce document le père est prénommé Baptiste, et la mère est appelée Detcheverry mais le nom de l'épouse et de la maison prouve qu'il s'agit bien de l'ancêtre.

Entre 1765 et 1777, la guerre étant finie, Baptiste fera dix voyages sur des bateaux appartenant à Pierre Naguille dont 9 campagnes de pêche à la morue.

Chaque voyage à Terre Neuve sera similaire : départ fin février/ début mars, près d’un mois de voyage pour parcourir les 6 à 7 000 km aller (en ligne droite) et autant pour le retour selon les vents et la mer; retour autour de la St Michel (fin septembre).

Les bateaux sur lesquels il est, le St Pierre et la Ste Thérèse, font 140 à 180 tonneaux et embarquent une cinquantaine d’hommes. Il y a peu d’officiers ou de sous officiers à bord et Baptiste y est simple matelot. Ces deux navires ont été  construits en Angleterre durant la guerre de sept ans et sont donc probablement des prises de course achetées aux enchères.

Pour la campagne de pêche de 1770, un document rédigé par Dominique Duvergez capitaine du brigantin l’Espérance décrit l’installation des bateaux venant de Saint Jean de Luz sur les différentes graves de Portachua.

« il y avait déjà dans ce port quatre navires de St Jean de Luz….. le seneau le St Pierre capne Sr. Martin Cruchet arrivé le même jour 1er may dans l’après midi 3….il y a cinq places dans le havre du nouveau Portachoix…

La grave de Biscarra

N°3 :  occupée par les navires le St Pierre de St Jean de Luz capne Sr Martin Cruchet de 54 hommes d’équipage avec 12 chaloupes de pêche et 1 chaloupe capitanière et par autre nre le St Pierre de St Jean de Luz capne Sr Pierre Dufourcq le jeune de 39 hommes d’équipage avec 9 chaloupes de pêche et 1 chaloupe capitanière . Cette place est susceptible d’une augmentation de 10 chaloupes . Il n’y avait point d’échaffaut 4et le terrain ne permet pas d’y en bâtir........... »

Plus loin dans ce document il est rapporté qu’une frégate anglaise leur avait tiré dessus et avait saisi des chaloupes (Archives Nationales d’Outre  Mer, Fonds des Colonies : COL-C11F4 fol 81-82) 5

La pêche et le dépeçage de la morue en Gaspésie,

Gravure de P. Fermagalli. Musée de la Gaspésie.

 

Notes :

1 :les prâmes étaient à cette époque des grands bâtiments à fond plat assez lourdement armés, pour la défense de certaines côtes.La Bathilde, armée à Rochefort, était à cette époque utilisée "au bas de la Gironde" pour sa défense (A.N. Marine B 5 4).

2 : SHD Marine Rochefort : 15P3-16 f° 301 et suivant pour la matricule, 15P4 –9 et suivant pour les rôles d’équipage

3 : d’après le rôle d’équipage du St Pierre (SHD Rochefort, 15P4 18), ce seneau partit de Saint Jean de Luz le 8 mars 1770 et donc la traversée dura presque 2 mois, réduisant d'autant la durée de la campagne de pêche.

4 : « échaffaut » (échafaud) : il s’agit d’une jetée en bois et d’un hangar sur pilotis où les chaloupes étaient déchargées de leurs morues et où celles-ci étaient préparées avant séchage sur la grave.

5 : depuis le traité d’Utrecht en 1713, toute l’île de Terre Neuve était anglaise. Seule une partie de ses côtes, le « French shore », était  une zone de pêche autorisée aux Français mais sur place il y avait toujours des litiges et les pêcheurs basques ne pouvaient pêcher en toute sérénité. (voir)  

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